Grandeur en béton - douceur de vivre

Grandeur béton - douceur de vivre

Publié dans Gael Maison - texte Leen Creve, photos Stan Koolen

Grandeur béton - douceur de vivre

Publié dans Gael Maison - texte Leen Creve, photos Stan Koolen

Un collectionneur de vintage, notamment passionné des grands classiques de Charles et Ray Eames, s'est offert un écrin de béton pour mettre en valeur ses plus belles pièces. Une maision chaleureuse qui bat en brèche l'idée que le béton, forcément, c'est froid.

La pluie ne qui vient de cesser a laissé des traces éparses sur la façade de béton. Les graminées dansent doucement au rythme du vent. Au milieu, un étrange personnage à deux têtes semble indiquer le chemin vers la porte d’entrée... Voilà cinq ans que Jeroen habite cette maison située dans un quartier champêtre de Grimbergen. C’est aussi ici qu’il a installé son bureau de graphisme : Turtle. “Mes vies professionnelle et privée sont imbriquées, explique-t-il. Je voulais une maison qui me donne à la fois de l’énergie pour travailler et du calme pour me détendre en famille.” 



Jeroen avait pour sa maison quelques exigences très précises. “Un toit plat, de la lumière, une large ouverture à l’arrière, du béton, des nitions impeccables. J’avais discuté avec plusieurs architectes, mais tous semblaient vouloir m’emmener dans des directions qui ne me plaisaient pas. Or je tenais à ma vision. C’est moi qui allais vivre dans cette maison, pas eux ! Puis j’ai rencontré Jan Cloetens, du bureau Arcero, qui avait travaillé sur la maison de mon oncle. On a tout de suite été sur la même longueur d’onde. Notre première décision : prendre le temps. De fait, quatre ans se sont écoulés entre le premier croquis et le déménagement. Nous voulions l’un et l’autre un résultat parfait. Au fil du temps, nous sommes devenus amis...”

Pour cette maison tout en béton, l’architecte a varié les textures : un béton structuré coulé sur place pour le bas, des plaques lisses préfabriquées pour le haut. Le terrain étant en pente, la maison est bâtie quatre-vingts centimètres au-dessus du niveau de la rue. La déclivité est rattrapée par un long escalier bétonné.

La cuisine, la salle à manger et le salon occupent la même vaste pièce. Le bois de noyer sert de fil rouge entre les différents espaces. L’architecte et le propriétaire ont dessiné ensemble les plans de la cuisine, ensuite concrétisés par Bulthaup. L'îlot central n’a pas été habillé de noyer afin d’éviter l’overdose.

Autour de la ‘Eames Segmented Table’, deux séries de sièges également signés Eames : les fauteuils de bureau ‘Aluminium Chairs’ et les chaises ‘Plastic Side Chairs DSW’. Fauteuil à bascule ‘Plastic Armchair RAR’, tabouret ‘Stool’ et paravent ‘Folding Screen, toujours de Charles et Ray Eames. Tout comme le ‘Lounge Chair’ à l’avant-plan (le tout chez Vitra).

Enfilade ‘Séries japonaises’ de Cees Braakman pour Pastoe. “Il fut le premier, dans les années 50, à imaginer un système de vissage invisible de l’extérieur. On retrouve aujourd’hui cela dans tous les meubles Ikea. Pastoe n’avait pas songé à déposer le brevet”, explique le maître des lieux. Oiseau décoratif ‘Black Bird’ de Charles et Ray Eames (Vitra), lampe ‘Nesso’ de Giancarlo Mattioli (Artemide), ‘Modular Sofa’ de Jasper Morrison, coussins blancs à motifs Eames (Vitra).

Brutalisme Light

Graphiste pour de grandes marques de mode internationales, Jeroen est habitué à surfer sur les tendances. Pour son intérieur, il a préféré jouer la carte de l’intemporalité. Un décor suffisamment neutre pour accueillir ses meubles vintage. Jeroen est un collectionneur passionné. Charles et Ray Eames sont abondamment présents. “Mais j’aime tout autant Charlotte Perriand, Jean Prouvé, Le Corbusier, l’architecture béton du Bauhaus ou la tradition japonaise... Mon inspiration voyage dans le temps et dans l’espace. Mais Grimbergen n’est ni Tokyo ni San Francisco. L’architecture en béton que l’on trouve là-bas me paraît souvent trop sombre et peu agréable à vivre. Ensuite, je rêve plutôt de la lumière du Sud de la France. Notre climat nécessite toute une série d’adaptations techniques. Il faut prévenir les ponts thermiques et faire attention aux questions d’isolation. J’aurais aimé mettre une porte accordèon dans la pièce de vie, mais il n'existe pas de porte accordéon réellement isolée. On a finalement opté pour deux fenêtres coulissantes, installées de telle manière que l’on peut entrer dans la maison où que l’on soit sur la terrasse.”

“Mon bureau étant installé au premier étage de la maison, ma vie professionnelle et ma vie privée sont très imbriquées.”

Jeroen a installé son bureau de graphisme au premier étage de la maison. Des chaises de bureau vintage entourent la ‘EM Table’ de Jean Prouvé (Vitra).

En béton du sol au plafond

Murs, sols, plafonds... Dans cette maison, tout est en béton. “Nous avons exploité toutes les finitions”, précise le propriétaire. Du béton poli, lissé, ciré, structuré, imprimé... Du béton coulé sur place et du béton livré en plaques. “Contrairement aux idées reçues, le béton n’est pas synonyme d’une ambiance froide. Le mur de soutènement de la terrasse, par exemple, semble parfois très noir, il tire de temps en temps sur le vert ou le jaune. Par moments, on le croirait presque blanc. Cela dépend des saisons, de l’heure et de la lumière, de l’humidité de l’air...” Pour l’architecte, cette multiplicité du béton relevait du défi. “Chaque application nécessite une préparation minutieuse. Parce qu’une fois le béton coulé, on ne peut plus rien changer. Tout doit être juste du premier coup. L’alignement des colonnes, les raccords au sol... On voulait un fini impeccable.”

“Chaque application du béton nécessite une préparation minutieuse.”

Jeroen a conçu lui-même ces sièges d’extérieur en béton. Il pensait les installer dans la pelouse, mais leur poids ne le permet pas. Ils ont donc nalement trouvé leur place sur la terrasse.

Ces détails qui n'en sont pas

Le souci du détail se voit également au dehors. Pour la façade, le propriétaire et l’architecte ont choisi de combiner deux types de béton: un béton structuré pour la partie inférieure, des plaques lisses sur la partie supérieure. Si le regard porte plus haut, il ne devinera ni les panneaux solaires ni les cheminées. “Lorsque je conçois une nouvelle construction, je veille toujours à placer tous les éléments techniques au centre”, explique l’architecte. Si vous mettez la chaudière ou la hotte contre un mur extérieur, vous verrez toujours les évacuations depuis l’extérieur. Alors qu’au centre du toit, il est possible de les camoufler. Pour des perfectionnistes comme Jeroen et moi, ce n’est pas juste un détail. Comme disait Charles Eames: ‘The details are not the details. They make the design’.”

 

instagram Atelier Graphique Turtle : @atelier_turtle
architecte: www.arcero.be
cuisine bulthaup: bulthaup metropool Antwerpen


Publié dans Gael Maison - Octobre 2017
Texte: Leen Creve - leencreve.be
Photos: Stan Koolen - stankoolen.nl

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