Bravo pour le Brutalisme
Publié dans « De Morgen Magazine » mots Sebastiaan Bedaux, photographie Thomas De Bruyne
Bravo pour le Brutalisme
Publié dans « De Morgen Magazine » mots Sebastiaan Bedaux, photographie Thomas De Bruyne
Dans une petite impasse à la limite des communes de ’s-Gravenwezel et de Schoten, le « Kromme Eik » est baigné du soleil de printemps.
Les précédents habitants du « bunker » brutaliste lui ont donné ce nom en l’honneur du chêne tordu dans le jardin.
Les habitants actuels, Kaat et Patrick, et leurs trois enfants ont conservé ce nom accroché à la façade.
Ils ont acheté ce bien étonnant – dans cet environnement sauvage, il n’existe sans doute pas plus de trois maisons modernes – il y a cinq ans et y sont entrés deux ans plus tard, après une longue période de rénovation.
Pour la plus grande incrédulité de leurs enfants !
« Mon mari et moi avons cherché intensément une nouvelle maison pendant cinq ans. Nous avions une chouette habitation près de la route qui relie Brasschaat à ’s-Gravenwezel, et que nous n’aurions jamais voulu quitter.
Jusqu’à ce que le bruit du nombre croissant de voitures devienne gênant. Après de longues recherches, nous sommes tombés sur cette maison et nous avons été tellement impressionnés que nous l’avons aussitôt achetée. Les enfants étaient moins enthousiastes. Quand nous avons roulé jusqu’ici pour voir pour la première fois ensemble notre nouvelle maison, ils ont pensé que nous leur faisions une farce.
Et puis, quand ils ont eu compris qu’il s’agirait vraiment de leur nouvelle maison, ils ont été plutôt déçus.
Surtout les garçons, qui au début avaient même un peu honte. Quelque part, c’est assez compréhensible, parce que cette maison se distingue pas mal de la norme à Schoten et dans les environs. Les copines de Margot, notre fille, trouvaient que la maison ressemblait à un « local scout » ( rire ).
Et des amis de notre plus jeune fils parlaient d’un bunker
Mais depuis, ils ont heureusement appris à apprécier le style ».
Des blocs de béton
Dans un quartier tranquille de belles demeures classiques, la maison moderniste de Kaat et Patrick se fait en effet fortement remarquer. Le projet est l’œuvre de Paul Meekels, personnage important de l’architecture de l’après-guerre à Anvers et acteur du brutalisme, un courant architectural qui trouve sa source dans le modernisme. Parmi les caractéristiques de ce style, les espaces en béton en forme de blocs et la visibilité des coffrages en bois. « Tout de suite, nous l’avons adorée, mais la maison avait besoin de beaucoup de travaux de remise en état avant que nous puissions l’occuper. Nous ne pouvions rien changer à la structure de la maison – et d’ailleurs nous ne le voulions pas – parce qu’elle figure sur l’une ou l’autre liste du patrimoine. Mais nous avons refait tout le reste selon nos envies.
À un certain moment, elle avait l’apparence d’une ruine, et j’ai pensé – pas très longtemps – qu’on n’y arriverait pas. Pendant une courte période, nous avons envisagé d’ajouter un étage en verre, mais après avoir eu des entreprises pendant deux ans dans la maison, nous en avions assez. Et de plus, nous étions très heureux du résultat. Tous les éléments du brutalisme sont encore très clairement présents ».
Pour l’aménagement de la maison, Kaat et Patrick ont fait appel à l’architecte d’intérieur Rik Hendrickx , qui avait réalisé le plan de leur intérieur qui correspondait le plus à leurs goûts. « Avant, quand vous entriez dans le petit hall, vous ne voyiez rien du magnifique jardin que nous avons ici. Ce jardin s’étend jusqu’à un petit domaine naturel privé et nous trouvions très dommage de ne pas pouvoir le voir dès l’ouverture de la porte d’entrée. Nous avions demandé à Rik et à deux autres architectes de concevoir un plan d’intérieur, et celui de Rik était le seul qui « ouvrait » le hall. Il nous semblait qu’il sentait ce que nous voulions. Finalement, il ne nous pas seulement aidé pour notre intérieur, mais il nous a accompagné pendant toutes les transformations (en collaboration avec l’architecte Dirk Thiers). Il disait aussi qu’il ne fallait pas faire de cette maison un magasin de meubles, que tout ne devait pas être juste et parfait. Et en effet, notre intérieur n’est certainement pas parfait : nous faisons des échanges de meubles design et de vintage ou de petites choses de « magasins de brol ». Si nous voyons quelque chose que nous aimons, nous l’achetons, avec le risque que le tout devienne un bric-à-brac de styles et de couleurs. Mais chez nous, ça va bien » !
La cuisine bulthaup b3
Dans la maison, l’attention est immédiatement attirée par la cuisine bulthaup, toute de rigueur avec son îlot en inox, pour laquelle Kaat et Patrick se sont adressés à K–vorm, de Courtrai. Vue sous un certain angle, la combinaison avec le sol et les poutres en béton et la structure en bois peut paraître assez industrielle, mais un regard dans l’autre direction suffit à vous faire sentir combien cette maison est chaleureuse. La cuisine s’ouvre sur un salon avec un feu ouvert, jusqu’à un séjour en contrebas, que le plus jeune fils s’est approprié pour ses activités avec sa Play Station.
Full House
Par beau temps, les baies vitrées au sud s’ouvrent totalement et permettent de profiter de l’immense jardin. La « pièce de résistance » dans ce jardin est la piscine bio, combinaison d’un étang biologique où on peut nager et d’une piscine. Rien d’étonnant de trouver ici souvent une « full house » d’amis et de membres de la famille, quoique ce soit surtout papa qui nage régulièrement une longueur. « J’aime qu’il y ait de la vie dans une maison et adore aussi cuisiner pour les amis et la famille. Cette maison s’y prête à merveille. Vos remarquez aussi que la cuisine est le cœur de la maison, où tous s’arrêtent quand on y cuisine. Peut-être devrais-je installer plus tard encore un jardin potager. En son temps, nos avions opté pour une grande étendue de gazon, parce que nos deux fils sont des footballeurs passionnés. Mais en fait, ils étaient déjà un peu trop âgés pour le foot, et le but dans le jardin n’est malheureusement plus guère utilisé ». Pour l’éclairage de leur maison, Kaat et Patrick ont fait appel au spécialiste anversois de la lumière Pierre Withaeckx, dont le fils Rob a repris le magasin situé Frankrijklei. « Cet homme a un goût exceptionnel et connaît tout de l’éclairage. Il nous a donné des conseils excellents. Je suis encore tellement contente de ces lampes dans la cuisine et des modèles vintage au-dessus de la table de la salle à manger ».
Un habitat moderniste dans la verdure
Pour chaque étape de la transformation, le couple a eu la sagesse de se faire aider par des spécialistes. Le résultat a même été approuvé par Paul Meekels, l’architecte d’origine, qui avait été invité il y quelques années pour pouvoir admirer encore une fois sa création. « Il avait alors déjà 82 ans et nous espérions qu’il voudrait bien nous raconter quelque chose à propos de cette maison. À notre grand étonnement, au travers d’un déluge de paroles, il a parlé avec énormément de passion et d’enthousiasme de son travail. Nous lui sommes très reconnaissants, car c’est un grand bonheur que d’habiter ici. Alors que nous venions de déménager, c’était comme si nous étions en vacances. Avec cette vue, la maison donne vraiment la sensation d’une maison de vacances. Et comme il n’y a qu’un étage, nous ne devrons même pas la quitter pour nos vieux jours ».
Publié dans « De Morgen Magazine » - 30.04.2016.
Mots: Sebastiaan Bedaux, photographie: Thomas De Bruyne
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