Entretien avec le maître ébéniste Johann Paintmeier
Texte: David Baum - Photos: Heji Shin & Stijn Vereeken

Entretien avec le maître ébéniste Johann Paintmeier
Texte: David Baum - Photos: Heji Shin & Stijn Vereeken
Déjà tout jeune, Johann Paintmeier savait qu'il voudrait plus tard travailler le bois. Le maître en placage sélectionne les meilleurs bois pour les cuisines de bulthaup, qu'ils proviennent des chênes des marais âgés de 2 000 ans ou qu'ils soient bruts de sciage.
Un vent d'été amène des rires au loin. Dans l'usine bulthaup d'Aich, en Basse-Bavière, ce vendredi après-midi, les salariés sont en train de rentrer chez eux. Dans l'un des halls de production, un homme est resté à son poste. Johann Paintmeier, chargé de sélectionner les placages bulthaup, est considéré comme un maître dans son domaine, révélant une véritable passion pour l'ouvrage comme pour le bois en lui-même.


L'odeur est vraiment très particulière. Qu'est-ce que c'est? Et pourquoi est-ce si noir?
« C'est un bois assez rare, le chêne des marais. Il a quelque 2 000 ans. Récemment, nous avons reçu une offre pour une chêne des marais qui aurait 2 970 ans selon la datation au carbone 14. »
Le bois de chêne des marais possède-t-il des caractéristiques particulières?
« La couleur est bien entendu la caractéristique qui le distingue au premier abord. Mais l'histoire extraordinaire de cette variété de bois en est l'élément le plus fascinant. Nous avons seulement 14 clients qui peuvent affirmer avoir du chëne des marais dans leur cuisine. C'est finalement un heureux hasard de trouver du bois encore utilisable après une si longue période dans un marais. Il a dû être conservé entièrement à l'abri de l'air, sinon il aurait moisi. À ma connaissance, seuls les chênes le peuvent. Ce sont les plus résistants. »
Comment peut-on imaginer votre travail? Le tronc d'arbre est cuit, n'est-ce pas?
« Exactement, le tronc, quel que soit le type de bois, est plongé pendant plusiers jours dans un bassin de 50 à 60 degrés, afin que le bois reste intact pendant la coupe. On uitlise pour cela des outils de coupe spécifiques ».
Lorsque vous êtes entré chez bulthaup en 1995, était-ce clair pour vous que vous travaillerez autant pour le placage?
« Ce fut une évolution. Au cours de mes expériences précédentes, il était primordial d'être au contact du bois et de pouvoir travailler le bois sous différentes facettes. On n'a jamais fini d'apprendre le bois. If faut comprendre que chaque arbre est unique, et que son bois doit être traité individuellement. J'ai appris le métier d'un menusier au caractère bien trempé, que l'on ne pouvait pas changer. J'ai appris de lui comment choisir le bois et savoir en apprécier la matière première, et son histoire particulière. Je n'ai jamais jeté du bois sans réfléchir, il a été celui qui a fortement encouragé cette attitude ».
« Un autre maître important était un ébéniste qui habite dans les environs de Milan. Il a travaillé pour des designers comme Ettore Sottsass et pour certains papes - il est lui-même une sorte de pape pour son corps de métier. Tout ce qu'il fait relève du grand art. Il a maintenant plus de 90 ans ».
Texte tiré de l'interview de David Baum publié dans bulthaup culture 1.
Images Johann Paintmeister : Heji Shin.
Images de la cuisine en chêne des mairais : Stijn Vereeken.
La cuisine en chêne des marais : Structure Plus, le partenaire exclusif de bulthaup à Uccle (Bruxelles).